12 mars 2021
Et pourquoi utiliser précisément des brosses ? Pourquoi associer l’huile et l’acrylique ? Pour insuffler une dynamique à la touche, un mouvement à la peinture, une vie dans la matière. L’huile et l’acrylique s’attirent et se repoussent ; à elles deux, elles rendent la matière vivante, quand le tableau se fait, ce qui me permet d’y répondre, et de choisir la suite en fonction de cette vitalité. Pour moi, la Peinture, c’est matérialiser la conscience de soi au monde par son geste sur la matière caressée par la lumière. Pourquoi s’imposer un format déterminé, un thème récurrent ? En érigeant un système aussi strict, n’est-ce pas restreindre son espace de création ? Au contraire, je pense un cadre strict, générateur de liberté, et d’une véritable recherche... Si tous les possibles restent présents, je ne suis pas sûr d’avoir suffisamment de force pour réellement me remettre en question... et crains de ne plus pouvoir rien faire d’autre que ce qui a déjà été fait dans l’histoire de la Peinture. J’ai découvert que même si je peins des toiles d’un mètre par un mètre, avec des brosses de deux, huit, dix centimètres de large, la forme du visage aussi bien que l’émotion dépendent du placement exact de la touche, au millimètre près ! Un millimètre à côté, et le caractère du visage en est transformé, et l’émotion retranscrite évolue... Cette recherche de la place et de la taille exacte de chaque touche, pour aboutir au visage que je veux exprimer, à l’émotion que je veux partager, au sentiment que je veux offrir, est passionnante ! La manière de poser la peinture sur le tableau nécessite de désapprendre le geste virtuose, afin de pouvoir tenir le pinceau de n’importe quelle façon, comme un stylo ou une baguette, au début du manche ou au bout de ce dernier, de la main droite ou gauche (pourquoi pas ?), peindre à partir du mouvement des doigts, du poignet, de l’avant-bras, du bras entier, de l’épaule, du dos, du bassin, du corps, en légèreté ou en force, avec une pression volontaire constante ou ponctuelle ; puis, choisir. Choisir le geste qui conviendra le mieux à la touche, à celle-là, dans l’instant... Unifier son corps et son esprit par la respiration, “trancher son ego“ comme disent les arts martiaux traditionnels ; voilà le pourquoi de tout ce travail sur soi ! Accroître les potentialités de son corps afin de pouvoir vivre et exprimer le sentiment issu de la conscience de l’instant, dans ses moindres nuances... Être libre de ses gestes. Vouloir être libre de ses gestes, n’y a t-il pas là une contradiction, entre volonté et liberté ? La volonté d’y parvenir, la liberté au moment de l’acte. Il est certain que l’exercice de cette liberté ne doit pas être forcé, mais devenir naturel, afin qu’émotions, sentiments et conscience puissent s’exprimer vraiment... Il faut cependant la volonté d’y parvenir, la volonté de poursuivre cette étude. Qui est Pierre Bargin ?*